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L'allée des mûriers

  • Allée des mûriers © Alex Nollet
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  • Allée des mûriers © Alex Nollet
  • Allée des mûriers © Alex Nollet

Au XVIIIe siècle, le monastère est la plus grande chartreuse du royaume. Elle abrite plus d’une centaine de personnes. Les moines entreprennent des travaux de rénovation, tant des bâtiments que des jardins. Dans ce contexte, ils cherchent à développer des cultures leur assurant un certain revenu, comme les ormeaux et les mûriers.

L’allée des mûriers est une création du XVIIe siècle. Un siècle plus tard, elle force l’admiration d’un voyageur qui la décrit «composée de quatre rangs de colonnes et de grands mûriers entremêlés ensemble». Elle a fait en 2008 l’objet d’un projet de restauration financé par la Drac Languedoc-Roussillon, maître d’ouvrage. Maîtrise d’œuvre : Thierry Algrin, Architecte en chef des Monuments historiques.
 
Les mûriers — Arbre indispensable à la culture du ver à soie, le mûrier est largement planté en France à partir du XVIIe siècle, quand Colbert encourage la création de magnaneries dans le midi. Vers 1757, les chartreux en plantent plus de deux mille.

Les ormeaux — Il ne reste malheureusement aucun des ormeaux plantés par les moines, puisqu’ils furent décimés par la graphiose au XIXe siècle. L’ormeau était considéré comme l’arbre le plus noble et le plus utile : il servait pour fabriquer des charpentes, des meubles, des placages...

 
 
Modernisée et solennisée en 1648 par l’édification du portail monumental dessiné par Royer de la Valfenière, pour servir de nouvelle grande entrée de la clôture, cette allée était depuis une dizaine d'années déjà plantée de mûriers qui furent incorporés à une composition architecturale dont les descriptions restent approximatives. Si le président de Brosses la décrit, en 1740, bordée de « quatre rangs de colonnes et de grands mûriers entremêlés ensemble », l’abbé Soumille, cinq ans plus tard, y voit « douze piliers de chaque côté, et de gros meuriers blancs d’espace en espace, qui forment deux berceaux de verdure ».
Au XIXe siècle, tout est arraché et remplacé par une série de bâtiments témoignant des privatisations consécutives à la Révolution. La suppression des deux derniers de ces bâtiments a fait l’objet d'une campagne de travaux en 2008 et a permis de restituer la configuration de l’âge classique, âge d’or de la chartreuse.
D’intéressantes découvertes archéologiques ont été faites à l’occasion des travaux : toute la complexité de cet espace plusieurs fois remanié se lit désormais dans l’inflexion du mur nord. La destruction de ses appendices du XIXe, qui occultaient une juxtaposition de murs parallèles, étroitement chemisés, a mis à jour un massif maçonné planté précisément au point d’inflexion ; ce rustique contrefort retenant les jardins du prieur cachait un collecteur d’égout à l’étonnante qualité architecturale et dont l’usage et la datation conservent une part d’incertitude.
 
Ces travaux de restauration ont pris tout leur sens dans la replantation, les 18 et 19 novembre 2008, des dix-huit mûriers manquants (morus alba, d'une taille de 2m50), s'ajoutant aux six sujets rescapés, évocation des deux fois douze pères des deux fondations de la chartreuse. Son financement, qui a donné lieu à une souscription populaire (Parrainez un mûrier), a bénéficié du mécénat de la société BSP et d'un soutien de Botanic.