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Le cloître Saint-Jean et le déambulatoire

Le cloître Saint-Jean n'est autre que l'ancienne cour du palais du cardinal Aubert qui deviendra, lors de son accession au siège pontifical, Innocent VI. Sur ce point culminant du site se trouvaient l'aire à battre le grain et la grange, dont Aubert avait négocié l'acquisition pour y fixer sa résidence. Le palais sera anéanti par un incendie, sans doute en 1365, si bien que le petit neveu d'Aubert Pierre Selva de Montirac décidera d'y installer douze cellules de moines supplémentaires lors de la "seconde fondation". La charte datée de 1372 prévoit toutes les constructions projetées : un cloître, douze cellules et des habitations et annexes nécessaires au logement et à l'entretien des auxiliaires, clercs, convers, etc. (cf. l'histoire du bâtiment). Divers pans de murs épargnés par l'incendie et conservés lors de la construction du cloître, témoignent de l'ancien palais.
 
Au centre de la cour se dresse l'édicule d'ordre ionique datant lui de la fin du XVIIIe et entourant la fontaine Saint-Jean, qui elle date du XVIIe siècle. L'édicule est vraissemblablement l'ouvrage d'un atelier avignonnais, celui des Franque, dynastie de constructeurs de tout premier plan dans l'histoire de l'architecture française.
 
Hormis sa remarquable stéréotomie, l'œuvre est intéressante pour son inachèvement : l’ensemble n’a pas reçu toute sa décoration, les clefs et les chapiteaux, à l’exception d’un seul, sont juste épannelés (taillés grossièrement).
 
La fontaine constitue le centre d'un réseau hydraulique qui distribuait en eau l'ensemble de la chartreuse. L'eau captée au lieu-dit l'Hermitage, sur les hauteurs de Villeneuve, descendait par simple gravitation par un conduit souterrain puis par un aqueduc. Depuis le bassin de la fontaine, une canalisation alimentait, en sous-sol, le cloître des morts, la cour du sacristain et la cour des frères, une dernière le quartier des convers. L'eau courante traversait les cellules par un système de rigoles creusées dans les pierres.
Pour l'irrigation des jardins, les chartreux tiraient l'eau d'une noria —puits à roue — située vers l'angle nord-ouest de l'ensemble monastique.
 
Le cloître Saint-Jean est situé en hauteur, son air réputé plus pur était réservé aux vieux moines. Après la Révolution, il est devenu le centre et l'âme d'un quartier de Villeneuve lez Avignon, qui abritait jusqu'à trois cents familles. On peut lire à ce sujet le riche travail de documentation de Jean-Pierre Piniès dans La Chartreuse de Villeneuve - Métamorphoses d'un monument, coédité par les Éditions Jeanne Laffitte et la Chartreuse en 2010, disponible à la bibliothèque ou en vente à la librairie