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Stoning Mary (Lapider Marie)

  • Stoning Mary (Lapider Marie) © Jean-Louis Fernandez
  • Stoning Mary (Lapider Marie) © Jean-Louis Fernandez
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de debbie tucker green

traduction Emmanuel Gaillot, Blandine Pélissier, Kelly Rivière
mise en scène Rémy Barché

Avec le Groupe 42 (3e année) de l’École supérieure d’art dramatique du Théâtre National de Strasbourg

avec Eléonore Auzou-Connes, Clément Barthelet, Romain Darrieu, Thalia Otmanetelba, Maud Pougeoise, Blanche Ripoche, Adrien Serre, Salma Bordes
scénographie et costumes Salma Bordes (groupe 43)
lumière et son Auréliane Pazzaglia
régie lumière Julie Roëls
régie générale Salma Bordes, Auréliane Pazzaglia

Stoning Mary est avant tout une pièce politique. Jeune autrice noire, debbie tucker green écrit d’habitude pour des acteurs noirs. Ici, elle stipule dès le départ : « tous les personnages sont blancs ». Dans un geste provocateur, elle met en scène des personnages occidentaux dans des scénarios que nous attribuerions plutôt à des populations du tiers-monde : un homme et une femme atteints du virus du sida doivent décider qui d’entre eux pourra accéder au seul traitement qu’ils ont les moyens de se payer, un couple se dispute au sujet de leur fils devenu enfant-soldat, une femme rend visite à sa sœur qui attend en prison son exécution par lapidation.
La fin de la pièce révèle le lien tragique qui unit ces trois histoires. Le principe est à la fois simple et brutal : nous concerner, lutter contre notre indifférence en posant la question « Et si ça nous arrivait à nous ? ». Mais cette pièce est aussi une pièce sur le couple, la famille. Et il y a aussi de la colère quand l’autrice décrit les rapports hommes/femmes. Le seul rempart contre l’indifférence et la lâcheté des hommes semble être la solidarité entre femmes, mais dans ce portrait d’une société dont les liens ont été dissous par la guerre civile et la maladie, les femmes sont trop occupées à lutter pour leur propre survie. C'est un cri de douleur ahurissant qu'exprime l'une d'entre elles dans une litanie assommante à la fin de la pièce : « Elles sont passées où toutes les putes qui soutiennent d'autres putes ?»

Ce spectacle est destiné à être joué hors-les-murs. Avec les élèves scénographes et régisseurs, nous avons conçu un petit décor qui tient dans le coffre d'une Kangoo, et que nous pourrons implanter rapidement dans les salles qui nous accueillent autour de Reims et de Strasbourg. La Comédie de Reims et le Théâtre National de Strasbourg ont en commun cette volonté de faire découvrir l'écriture d'aujourd'hui à ceux qui n'y ont pas forcément accès. J'ai été très heureux de découvrir que les élèves ressentaient déjà cette nécessité de ne pas rester au chaud dans nos théâtres, mais d'aller à la rencontre, conscients de la fonction politique et sociale que peut prendre le théâtre. Ils joueront très près des spectateurs, très exposés. Je les remercie pour la générosité avec laquelle ils se lancent dans cette aventure, confiant dans le fait qu'ils mèneront leurs parcours d'artistes avec profondeur et sincérité.
Rémy Barché

Blandine Pélissier et Kelly Rivière sont venues à plusieurs reprises en résidence de traduction à la Chartreuse-CNES.

J'ai été très ému de revenir en tant qu'intervenant à l'école du Théâtre National de Strasbourg, où j'ai été formé à la mise en scène. Troublé parfois, de répéter dans des salles où j'ai fait mes premiers exercices de mise en scène. Heureux de voir que ce lieu est toujours aussi foisonnant, de rencontrer des élèves qui brûlent de questions essentielles que l'on oublie parfois de se poser en grandissant. Heureux aussi de pouvoir venir travailler à Reims avec eux, et leur faire découvrir un lieu comme la Comédie, qui croit et qui compte sur la jeunesse pour entretenir la vitalité du théâtre d'aujourd'hui.

C'est une pièce très étonnante que nous avons traversée ensemble. Son auteure s'est imposée à Londres depuis maintenant plus d'une dizaine d'année comme l'une des voix les plus originales de la dramaturgie anglaise. En France, c'est la première fois qu'une de ses pièces est montée. Il faut saluer le travail courageux des traducteurs qui se sont attelés à la tâche. Le style de debbie tucker green, très difficile à retranscrire en français, mélange les influences rap, l'argot de rue et la poésie répétitive. On sent que l'écriture est pour elle un terrain fertile d'expérimentations en tous genres : personnages interprétés par deux acteurs en même temps, monologues-poèmes, alternance de scènes très longues et de scènes minuscules, personnages quasi muets et flots ininterrompus de parole, flash-back et flash-forward...
Rémy Barché
 

Production Théâtre National de Strasbourg. Coproduction Comédie de Reims-Centre dramatique national / Reims Scènes d'Europe.
Création en février-mars 2016 à la Comédie de Reims dans le cadre du festival Reims Scènes d’Europe, au Théâtre National de Strasbourg,  à Sarre-Union, à Bouxwiller.