Échangeur22
Mobilité immobilité
Shusuke Nishimatsu (Japon)
Ursula Tautz (Brésil)
Comma / Clémence Choquet et Mickaël Gamio (France)
Sanghee Noh (Corée du Sud)
Un projet en partenariat avec Échangeur22.
Une résidence est aux artistes ce que le laboratoire est aux scientifiques : un lieu propice à l’expérimentation qui offre la possibilité de développer des projets inédits.
Depuis 2015, Echangeur22 accueille à Saint-Laurent-des-Arbres, des artistes français, japonais, brésiliens et coréens, appelés à partager un espace de vie et de création commun. Au fil des journées et des visites dans la région, des échanges se tissent, des rencontres et des relations se nouent entre les cultures respectives des artistes et le territoire.
Le titre "Mobilité immobilité" marque le temps et l'espace de l'exposition un arrêt sur image, au sein du processus d'échange et de circulation d'idées qui est au cœur du projet d'Echangeur22.
Les recherches ici présentées s'inscrivent dans le cadre de sa cinquième édition qui accueille le duo français Comma (Clémence Choquet et Mickaël Gamio), l’artiste japonais Shusuke Nishimatsu, l’artiste Sud-Coréen Sanghee Noh et Ursula Tautz qui vit et travaille au Brésil.
Les cloches de village qui scandent le rythme des souvenirs du village (Ursula Tautz) ; le mistral qui entraîne dans son élan une poussière venue de loin (Sanghee Noh) ; la pierre de Tavel, le commerce des vers à soie des moines chartreux (Comma) ; le pont d'Avignon, une paire de baguettes, un fromage (Shusuke Nishimatsu) sont ici autant de points de départ pour les dérives de l’imaginaire des artistes qui questionnent tour à tour la culture populaire, le rythme du temps, les étonnants liens entre l’Asie et la Chartreuse ou encore la traduction comme lien aussi imparfait que créateur entre langues et cultures distinctes.
Pensées pour les espaces de la Chartreuse le temps d'une exposition, ces œuvres tracent l'instantané d'une rencontre entre le proche et le lointain, le portrait d'un instant dans un processus de recherche et de création ouvert et mobile.
Viviana Birolli, commissaire d’exposition
Échangeur22 est un lieu de résidence d’artistes situé à Saint-Laurent-des-Arbres (Gard) qui axe son programme sur la création de canaux de circulations et d’échanges tournés à l’international. Chaque année depuis 2015, E22 reçoit pour six semaines des artistes japonais, brésiliens, sud-Coréens et français. E22 est soutenu par la Drac Occitanie, la Région Occitanie, le Département du Gard et la Commune de Saint-Laurent-des-Arbres.
Ursula Tautz
Brésilienne, Ursula Tautz produit des installations et des environnements multimédias qui questionnent à la fois l’espace et la mémoire, qu’elle soit personnelle ou collective.
« Os sinos badalam pelas horas, mas também pelas celebrações. O tempo histórico marca os dias de lembrança, que fundem presente e passado e futuro num momento de suspensão. A partir do badalar dos sinos criei uma composição sonora de um tempo de memórias, propondo o rompimento do tempo imposto pela rotina, horas e trabalho. Uma quebra do continuum, exclusão do Cronos. E com as lembranças fiz um novo lugar, um lugar para atravessar, para olhar o outro assim como a si mesmo. Entre, sinta, ouça e atravesse. »
« Les cloches sonnent les heures mais aussi les célébrations. Le temps de l’histoire marque les jours de mémoire, unissant présent et passé en un moment suspendu. À partir du son des cloches, j’ai créé une composition sonore qui évoque le temps-mémoire. Je propose une rupture du rythme temporel imposé par la routine, le quotidien et le travail, une pause dans l’espace-temps, un hors champ du Chronos. Comme si les souvenirs créaient un nouvel espace, un lieu que l’on traverse et qui nous traverse, pour regarder l'autre comme soi-même. Entrez, ressentez, entendez et traversez.»
Shusuke Nishimatsu
Japonais, Shusuke Nishimatsu s’empare des médiums les plus différents (texte, photo, vidéo, objets plastiques, performance) pour questionner les macrostructures de la société dans laquelle nous vivons à partir de microphénomènes à l’apparence souvent banale. Un pont, une paire de baguettes, un bord sont homophones en japonais, ces trois significations de hashi en Japonais se transforment en une méditation sur les points de contact et les écarts entre la culture française et japonaise.
僕は何かを待っています。
ある時、僕は空港で一匹の蚊に出会いました。その蚊は僕には、色んな人種の血を吸い生きてきた、超グローバルなホープみたいな存在にうつりました。でも同時に国際病が発生した時、危険分子にもなる存在にも思えました。僕はその蚊を通し、グローバル社会の事を学んだ気がします
僕が待つ何かとは、そういった世界の入り口みたいな存在だと思います。
ある状況を異化し、そこに存在しえた物語やその構造を可視化する作品を映像、テキスト、音、オブジェなど様々なメディアを用い制作しています。
« J’attends quelque chose. Il me semble que ce que j’attends c’est une porte qui s’ouvre sur le monde et qui m’aide à le comprendre.
Un jour, dans un aéroport, j’ai trouvé un moustique. Cet insecte m’est apparu comme le parfait symbole d’une existence hyper-mondialisée, dans la mesure où il survivait en se nourrissant du sang de personnes venues des quatre coins du monde. En même temps, il était un vecteur potentiel de maladies dangereuses. Grâce à ce moustique, je comprends mieux ce qu’est la mondialisation.
À travers la vidéo, le son, l’objet ou le texte, je cherche à donner une forme visuelle aux histoires qui émergent d’une situation donnée et révéler leur structure. »
Sanghee Noh
S’inspirant des formes, des outils et des conventions du domaine scientifique, le travail de Sanghee Noh questionne la complexité de la société dans laquelle nous vivons ; répondant à la pression de la surinformation, il propose une relecture du monde sous forme de mots clés dessinés en langage binaire et d’installations immersives et contemplatives.
« 노상희는_ 현대_ 사회에서_ 이뤄지는_ 여러_ 현상에_ 관심을_ 가지고_ 작업을_ 진행하며,_ 최근에는_ 예술-
과학의_ 융복합적_ 주제를_ 중심으로_ 한_ 작업에_ 몰두했으며,_ 여러_ 과학기관과의_ 협업작업을_ 진행했
었다._ 그가_ 주목하는_ 주제는_ 개인의_ 의지와_ 상관없이_ 심신에_ 영향을_ 미치는_ 강제적인_ 외부_ 자극
이다._ »
« Je m’intéresse à divers phénomènes de la société moderne, en particulier le caractère complexe de la science. J’ai collaboré avec des instituts de recherche sur la question de la pollution par les particules fines, par exemple. Je m’intéresse à la manière dont les stimuli externes affectent l’esprit et le corps, indépendamment de la volonté de l’individu, et à la relation entre le microcosme et le macrocosme. »
Comma
« Nos pièces réfèrent à la réalité par contact – contiguïté et continuité – et relation plutôt que représentation. Elles sont le résultat de heurts, de notre confrontation à un contexte et à ses spécificités physiques, architecturales, historiques et culturelles. Dans la perméabilité d’un champ à l’autre, d’une culture à l’autre mais aussi dans les écarts entre les différents milieux, nous tentons de saisir la manière singulière dont ils s'organisent et cohérent. »
Lors de leur résidence à Echangeur22, Comma s'est intéressé à l'histoire de la Chartreuse et plus largement de la région et à ses liens inattendus avec l’Orient : de la pierre de Tavel qui trouve aujourd’hui son plus grand marché en Chine, au commerce des vers à soie et à l’élevage des muriers qui constituèrent pendant longtemps l’une des conditions de possibilité économique de la vie des chartreux, c’est tout un univers de références symboliques, historiques et littéraires qui se tisse à travers leurs vidéos et installations.