Un Homme de confiance

Les menteurs sans scrupules savent tirer parti des faiblesses des gens et l’avidité n’est pas une force. Pendant près de cinquante ans, Bernard Madoff, homme d’affaires américain, a fait fructifier la plus grande escroquerie de l’histoire, estimée à 65 milliards de dollars — réchappant de justesse à huit examens de la SECSEC — l’organisme fédéral américain chargé de la réglementation et du contrôle des marchés financiers, dont les défaillances seront étalées au grand jour. La crise financière de 2008 met un terme à l’illusion. Au pied du mur, Bernard Madoff avoue son crime à ses deux fils, qui s’empressent de le dénoncer. Les images de son arrestation par le FBI font l’effet d’une bombe. À travers le monde, des milliers d’investisseurs découvrent que leur patrimoine ou — dans certains cas, celui de leurs clients — s’est entièrement évanoui. La communauté juive est fortement touchée, comme de nombreuses organisations caritatives. À la perte financière colossale s’ajoutent de dévorants sentiments de trahison et d’humiliation. Trop tard pour endiguer la tragédie : en Angleterre, l’officier William Foxton se tire une balle dans la tête ;  en France, Thierry Magon de La Villehuchet s’ouvre les veines ; Mark Madoff — le fils aîné — se pend dans son appartement de Manhattan ; Andrew meurt d’un cancer ; et leur mère Ruth, ostracisée, perd la quasi totalité de sa fortune. Bernard Madoff, de son côté, purge une peine de 150 ans de prison, et meurt, en 2021, sans avoir exprimé de remords.