La Défaite des pères

Invitée par Théâtre Ouvert à réfléchir à ce dont nous sommes faits, j’ai eu envie de travailler sur les déchirements premiers qui nous constituent malgré nous et plus précisément sur la manière dont les enfants incorporent inconsciemment les rapports de domination et de pouvoir de la société dans laquelle ils grandissent.
Je me suis particulièrement intéressée aux problèmes de garde d’enfants, aux conflits qui peuvent naitre après les ruptures et qui souvent dévoilent une violence intra familiale préalable.
J’ai découvert, ou plutôt redécouvert, les associations qui défendent la place des pères. Leurs discours m’ont fascinée car ils sont apparemment incontestables et pourtant ils tendent à justifier des violences physiques, psychologiques ou au minimum le refus de payer des pensions alimentaires. Dans ces situations, les enfants sont souvent pris dans des tourbillons, des guerres dont ils sont l’enjeu central mais dont ils deviennent rapidement la victime collatérale. Dans ces situations se racontent en creux des rapports structurants de domination sociale aussi bien économiques que genrés.
Avec La Défaite des pères, je vais m’inspirer de mon histoire et de celles de nombreux enfants pour écrire une pièce fictive structurée par les déchirements successifs, familiaux et géographique, d’une jeune fille, et raconter ainsi la manière dont la domination sociale est incorporée au fil de l’enfance.