Être chèvre

Avec Les rencontres d'Aubergine

La Chartreuse participe cette année encore aux "rencontres d'Aubergine". Véritable parcours d'art contemporain "Les rencontres d'Aubergine" proposent à des artistes plasticiens d'exposer dans divers lieux de la ville de Villeneuve lez Avignon avec pour thème en 2023 Déshabillez-vous. La Chartreuse accueille dans sa bibliothèque-café Saint-Jean les œuvres de l'artiste Estelle Lacombe pour son exposition Être chèvre.

« Être chèvre »
Rome, juin 2022, ce projet de gravure sur les fragments de l’empereur Constantin, financé grâce à une bourse de voyage de l’atelier associatif danois Fynsgrafiske Vaerksted, me tient à cœur depuis longtemps. Je suis pleine d’envies et… tout va de travers.

Le lieu où je dois travailler ne peut m’accueillir, mes hôtes sont des goujats, il fait 38° à Rome et 35° dans ma chambre, ultra bruyante, je ne dors pas… me demande ce que je fais là… tourne et retourne le problème… L’envie d’endosser un masque virtuel, un vêtement de chèvre, me chatouille. J’y vois une issue à la situation qui me permettrait de rebondir, de ne pas fuir, de m’accrocher.

Pourquoi la chèvre ? Je l’ai toujours adorée, animal curieux, volontaire, adaptable, têtu, résistant, résilient… elle est présente dans tous les pays du monde, depuis la nuit des temps, et les fresques et mosaïques romaines en sont remplies. Me promener dans la Rome brûlante avec un habit virtuel de chèvre va me faire un bien fou, me redonner une raison d’être là. Et c’est ce que je fais…

J'enlève ma peau d’humain, endosse celle d’une chèvre, et ça fonctionne. À nouveau pleine d’énergie j’enchaîne presque en lévitation visites et dessins, marche fièrement dans les rue de Rome à la recherche des représentations de chèvres, elles sont partout, j’en suis une, et moi seule le sais. De retour chez moi, je continue à dessiner des chèvres, à les hybrider avec des femmes, à travailler le sujet en céramique… la série "être chèvre" voit le jour.

Estelle Lacombe