Arturo
Cette parole en marche qui acte tout m’interloque : les expériences priment sur le récit. Cet homme « joue » sans cesse à transformer la réalité à la hauteur de ce qu’il en attend. Mythomanie, animisme et désirs : c’est du théâtre non stop. Du jeu sérieux comme on le vit naturellement enfant. C’est ainsi que je conçois le parler sur scène, et c’est ma façon de fiction. Je m’attache principalement à Arturo très jeune homme (La route de Los Angeles ; Demande à la poussière) à cause de sa démesure, et car sa férocité sans fard étourdit de pulsions contradictoires. En adaptant Nicolas Bouvier, en traduisant Rodrigo Garcia (ou le contraire ?) j’ai commencé à dire « j’écris ». En fusionnant une langue, je la traduis, je la fais mienne, je suis l’acteur aussi. Je me fais mon cinéma. L’écriture c’est du montage, c’est Deleuze qui le dit. C’est vrai aussi.