SARAH M.
Dans de nombreuses régions du monde, on ne parle pas de politique.
Petite, j’entendais l’évocation de personnalités lointaines, nimbées de mystère, comme les figures d’un jeu de carte inquiétant.
On les prononçait du bout des lèvres, comme si leur simple évocation pouvait faire surgir des murs les pires monstres du régime. Et ces monstres sont d’autant plus redoutables qu’ils constituent notre peur. Ils se sont insinués en nous et, de l’intérieur, nous paralysent.
Vingt ans plus tard, alors que je m’apprête à exhumer l’histoire pour plonger dans l’écriture, les cauchemars reviennent : les gisants, les disparus, les emmurés vivants. Mais je tiens bon, j’y vais. Dans les murs de la Chartreuse je veux extraire de la peur une fiction qui approchera celles et ceux qui la subissent, celles et ceux qui l’exercent. Le pouvoir, l’horreur, l’ardeur et l’espoir. Et puis bien sûr il y aura des trahisons, un ou deux coups d’État et même, même de l’amour.
Sarah M. est autrice, metteuse en scène et directrice de la compagnie Beïna.
Elle construit ses premiers spectacles sur les ruines falsifiées de l’histoire contemporaine, à partir d’enquêtes, d’archives et d’entretiens sur les deux rives de la Méditerranée. Son deuxième texte, Notre sang n’a pas l’odeur du jasmin, est lauréat de la bourse Beaumarchais-SACD et de l’aide à la création ARTCENA. Amnesia est le troisième volet de ce cycle de recherche.
En parallèle de son travail avec la compagnie, elle écrit et crée des spectacles in situ : TU.E.S pour le Festival Lyncéus et Dans l’ombre qui s’éclaire avec la Fabrik de Fiction à Lomé (Togo).
Avec le soutien de la Chartreuse-CNES.
Avec le soutien de la Chartreuse-CNES.